Merci vieux claude!

Publié le par Hurleur

 

           MAINS.jpg Il faisait nuit ce matin. Une nuit pas comme les autres. La gare était sombre, son costume aussi. Il marchait et chacun de ses pas faisait *couik-couik* comme une souris qu'on écrase. Il n'y avait personne dans ces longs couloirs. Juste cet homme. La marche fière. Il marchait les mains dans les poches. Un halo de fumée l'entourait. Des gouttes qui tombent comme des paras sur un petit village de l'Est.  Dehors il pleut. Il n'a pas peur. Il sait ce qu'il doit faire. La petite est si belle aujourd'hui. Elle a de grands cheveux noirs qui tombent en boucles dans son dos. Elle ne sait pas vraiment ce qu'elle fera les années qui vont suivre. Elle est jeune et insouciante. Lui, non. Il ne fait pas ça pour le plaisir mais il faut la protéger, ils risquent de venir la prendre sinon. Il n'y avait personne dans le wagon, il s'alluma une autre cigarette, il lui restait du temps, il avait toujours le temps de toute façon. Ce n'était pas un homme pressé. Il était méticuleux, soigné, bien parfumé. Le train démarra dans un crissement. Il l'approche et lui demande si elle veut s'abriter sous son parapluie. Elle accepte avec un sourire. Ils vont dans la même direction, ce qu'il y a de plus naturel. Elle commence à raconter sa vie, ses sentiments. Lui n'écoute pas vraiment, il sait déjà tout. Et elle n'a pas conscience du danger qui la guette. Du danger qu'ils représentent pour elle. Les rues défilaient à toute allure. Il n'y avait que des murs couverts de graffitis. Le vide le plus absolu. Il caressait les mains dans ses poches, l'intérieur de la paume était agréable, un tout petit peu moite. Il ne pensait pas qu'un jour il aurait autant de plaisir à les caresser. Le train marqua un arrêt. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Elle lui parle des problèmes du moment, elle lui fait un sourire un peu gêné. Elle n'a pas l'habitude de parler si librement, elle a peur sans le savoir. Autrefois avant que quelqu'un ne meure on faisait venir un prêtre. Il est flatté d'avoir cet honneur mais il aimerait l'éviter. Une jeune femme entrait dans le train, petite brune, l'air mutin. Elle semblait suspendue dans les airs et le temps s'être arrêté. Elle ne devait pas avoir vingt ans. Et lui si vieux. Le temps reprit sa course. Il hésita un instant et après le départ du train vers une prochaine gare il décida d'aller lui raconter ce qu'il avait vu. Il s'arrête. La regarde. Lui demande du feu. Quelque chose doit émaner de lui. "Vous suintez le danger monsieur.". Il sourit. "Je t'ai demandé du feu." Le passage au tutoiement la déstabilise. Ils continuent à marcher une fois que la cigarette est allumée. Elle commence à prendre peur. Son sourire était très calme. Trop calme pour la jeune fille qui commençait à trembloter. Et il commença son récit, un récit très long, très triste et tellement empreint de nostalgie qu'elle ne pouvait que frémir en voyant cette grande masse debout en face d'elle. Les mains dans les poches. Dans la chambre la lame s'abat d'un grand coup sur le poignet. Elle essaye de crier. Il lui crie des obscénités. Elle tremble. Au loin on entend une sirène. Ses yeux se révulsèrent lorsque d'un geste brusque il appuyait les deux mains de la gamine sur le mur. Il ne s'était pas sentit aussi bien depuis bien longtemps. Alors que l'immeuble d'en face s'effondre dans une tempête d'hurlements la jeune fille pousse son dernier soupir. La guerre vient de commencer.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
une odeur crépusculaire se dégage de ce texte aux relents surréalistes et non moins parfumés au menthol...
Répondre
L
J AI RIEN COMPRIS, A PART QUE TOI AUSSI TU FAIS COUIK COUIK QUAND TU MARCHES, ET AUSSI CLINGCLING AVANT QUAND TU AVAIS TES CLEFS.
Répondre